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  • jeudi, mars 27, 2008

    KING OF NEW YORK (ABEL FERRARA)

    Attention, chef-d'œuvre !
    L'un des tout premiers films du sulfureux Abel Ferrara (1990, soit trois ans avant le cultissime Bad Lieutenant), et très curieusement visible en France trois mois avant sa sortie aux USA, habitude que Ferrara conservera pour tous ses films suivants. L'histoire de Frank White, un gangster tout juste sorti de prison (Christopher Walken) :
    Et qui malgré sa fortune et ses goûts de luxe, n'en conserve pas moins une certaine moralité, et va donc en profiter pour bien remettre les pendules à l'heure, comme on dit :
    Alors évidemment, le sujet ne brille pas par son originalité, mais le traitement s'en avère tellement personnel et original, que cela finit par devenir le genre de film culte que l'on peut regarder 50 fois sans ennui, rien que pour le plaisir de se retrouver immergé dans l'ambiance absolument hypnotique créée tout à la fois par Abel Ferrara, la musique ultra-planante de Joe Delia, et la sublime photographie de Bojan Bazelli (le directeur photo attitré du réalisateur), d'ailleurs nominé pour ce film aux Independent Spirit Awards de 1991, à juste titre !
    Sans parler d'une brochette d'acteurs tous plus excellents les uns que les autres : Christopher Walken, bien sûr, d'une présence absolument magique durant tout le film, mais aussi Laurence Fishburne, Wesley Snipes, Steve Buscemi, David Caruso, et bien sûr Victor Argo, qui joue dans presque tous les films de Ferrara...
    Là où l'histoire se complique un peu, c'est que Frank White n'est pas tout à fait un gangster ordinaire. Certes, il gagne des millions grâce au trafic de drogue (sous l'argument facile, certes, mais honnête, que même lui mis en prison, ce trafic continuera de toutes façons à prospérer), mais ses ambitions vont bien sûr au-delà :
    Bon... Comme tous les grands réalisateurs du circuit underground, Ferrara possède ses propres tics, que l'on retrouve pratiquement dans toutes ses œuvres, mais après tout, les amateurs aiment ça, donc, pourquoi s'en priver ? Autrement dit, dans tout film de Ferrara, il y a forcément au moins une madone :
    Forcément du cul (et encore, là, c'est plutôt gentil par rapport à Bad Lieutenant !) :
    Et forcément des cartons monstrueux :
    Voire, plus étonnant, l'idée toujours présente de la rédemption (le thème fondateur du fameux Bad Lieutenant, tout comme lors de cette scène hallucinante dans le métro, où plutôt que de réagir à la violence par la violence, Christopher Walken préfère offrir un paquet de dollars à ses agresseurs, en leur proposant de travailler avec lui) :
    Encore plus étonnant : voyant que le maire ne fait rien, et constatant la dérive financière du plus grand hôpital de Harlem, Frank White décide de se dévouer entièrement à cette tâche :
    Ce pourquoi, après avoir ratiboisé en bonne et due forme toute la mafia colombienne et sicilienne, il décide d'exterminer avec une froide logique le dernier groupe gênant, les chinois de Chinatown (savoureuse rencontre autour du mythique Nosferatu de Murnau, et également très gros carton à la clef !) :
    En parallèle, il y a bien sûr le groupe des flics (David Caruso, Wesley Snipes, Victor Argo), qui, dans un sens, abusent de méthodes presque pires - et en tout cas plus illégales - que celles de Frank White :
    Mais juste avant la fin (que je ne vous dévoilerai pas, tout de même), c'est cette ultime confrontation entre Christopher Walken et Victor Argo qui délivrera la vraie morale du film - encore une fois, très proche du beaucoup plus complexe Bad Lieutenant, qui lui succédera trois ans plus tard :
    Ce qui reste fascinant dans ce film, et qui fonctionne pour une fois très bien, c'est le brouillage de toutes les pistes : Frank White est le "vilain méchant" à qui tout le monde veut faire porter le chapeau, mais qui s'avère en réalité plutôt humaniste et mécène, par certains côtés - en tout cas, bien plus que les flics, qui sont ici dépeints de la façon la plus noire possible...
    Au niveau visuel, on navigue sans arrêt entre le luxe de l'hôtel Plaza, son Dom Pérignon et ses putes pas données, et des squats de la pire espèce, tagués du sol au plafond, et bourrés d'à peu près tout ce que l'on peut imaginer en matière de drogues. Quant à la bande-son, elle alterne avec un subtil dosage la partition originale pour cordes de Joe Delia, avec certains des titres rap les plus violents et les plus connus. Et donc : un mélange tel que celui-ci, ce n'est pas du tout facile à réussir !
    Et vraiment, du moins à mon sens, c'est splendide, envoûtant, fascinant, bref, les mots me manquent pour décrire ce film magique à plus d'un titre... Adoncques, juste une petite madone proche de la fin du film (dont je ne vous dirai rien, bien sûr, mais qui, encore une fois, est très voisine de celle de Bad Lieutenant) :
    Enjoy !
    Autres films du même réalisateur : China GirlBad LieutenantBody SnatchersThe Funeral

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    samedi, mars 22, 2008

    LOST IN TRANSLATION (SOFIA COPPOLA)

    Et bien voilà... Un film de Sofia Coppola, la propre fille du mythique réalisateur d'Apocalypse Now. Un pur joyau, sorti en 2003, tout en subtilité et en tendresse, narrant l'improbable rencontre entre un acteur sur le retour et une jeune femme délaissée par son mari, encouragés en cela par l'étrangeté absolue du lieu pour les occidentaux (Tôkyô), ce qui autorise tous les débordements. Mais regardons tout de suite le trailer :
    Je dois dire ici que c'est un film qui me touche énormément, pour des tas de raisons : d'une part parce que pas très loin de la cinquantaine, j'ai moi-même beaucoup plus d'amies de moins de trente ans que de mon âge ; et surtout parce qu'étant allé cinq fois au Japon, j'ai connu et expérimenté à peu près toutes les sensations d'étrangeté que l'on peut ressentir dans ce pays complètement schizophrène, qu'il s'agisse de l'agression permanente des néons et de la publicité :
    De la sensation subite d'être un géant :
    Ou encore des difficultés à se repérer dans cette ville immense et tentaculaire (la troisième du monde, je crois, après Mexico et Los Angeles), où en plus les gens n'écrivent même pas avec de vraies lettres bien de chez nous :
    Avec pour inévitable résultat la sensation, au bout d'un laps de temps plus ou moins long, de se retrouver d'un seul coup complètement largué, et ceci de façon d'autant plus certaine qu'en apparence, la plupart de nos repères de citadins occidentaux sont préservés :
    Là, il faut bien dire que Sofia Coppola a décrit cette très étrange sensation avec une rare justesse, surtout qu'elle a choisi de nous la faire vivre au travers de deux êtres en plein marasme, une jeune fille en pleine dérive amoureuse (fantastique Scarlett Johansson !) :
    Et un acteur en pleine dérive existentielle (non moins fantastique Bill Murray, relativement à contre-emploi), tout autant ennuyé par les lettres ou les coups de fil de sa femme sur des sujets dont il n'a rien à foutre :
    Que par sa présence au Japon à cause d'un job qui l'emmerde profondément (une pub pour le whisky Suntory) :
    Surfant, donc, sur la douce vague de l'ennui et du détachement, ces deux personnes pas tout à fait très bien dans leur peau vont finir, sans même se trouver des millions de points communs, par trouver plutôt sympa de passer du temps ensemble. Car sait-on jamais vraiment ce qui fait que l'on se sente bien à passer du temps avec telle ou telle personne plutôt que telle autre ?
    En tout cas, moi, je ne me ferais pas longtemps prier pour passer du temps avec ladite Scarlett... Car curieusement, cette fille qui n'est pas très photogénique sur les portraits fixes se révèle en live d'une stupéfiante beauté, qui plusieurs fois manque de nous tirer les larmes, tellement son expression semble sincère, naturelle, et pleine de vie :
    D'ailleurs, à propos de beauté, il est aussi assez rassurant de constater que Sofia Coppola n'a pas fait l'économie de quelques plans assez sublimes sur le Japon traditionnel, comme par exemple les Omikuji (souhaits que l'on noue et que l'on attache ensuite à des branchages dans les temples shintô) :
    Ou encore ce joli mariage, qui par la pureté et la chasteté de ses gestes, semble comme une mise en abîme de la relation qui va unir Bill Murray à Scarlett Johansson :
    C'est bien pour cela que je parlais, dès le début, de schizophrénie - ou tout du moins, de ce qui nous semble tel à nos yeux d'occidentaux. Car ce fameux hiatus entre tradition et modernité - qui ne semble en être un que pour nous, d'ailleurs - apparaît présent tout au long du film, ne serait-ce qu'en alternant la séquence d'Ikebana :
    Avec ce qui est probablement la télévision la plus trash du monde, quand elle s'y met :
    Bref, un film magnifique, à louer ou à acheter de toute urgence !
    Et l'ultime séquence (là encore particulièrement bien vue, dans sa compréhension de la psychologie des personnages, tous deux suffisamment intelligents pour comprendre que malgré toute l'attirance qu'ils éprouvent l'un envers l'autre, ce ne serait pas forcément une très bonne idée de pousser les choses un petit peu plus loin) :
    D'où ce très chaste baiser, l'acte sexuel le plus osé qu'ils finissent par s'autoriser de façon fugitive (quelque part, c'est donc aussi assez proche de In the Mood for Love de Wong Kar-wai) :
    Que dire de plus ? Ah si ! Cette jeune fille très douée a également à son actif le très intriguant Virgin Suicides, son tout premier film basé sur une histoire vraie, ainsi que l'assez controversé, mais tout aussi fascinant Marie-Antoinette...
    Autres films du même réalisateur : Virgin SuicidesMarie-AntoinetteSomewhere

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