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  • mercredi, novembre 04, 2015

    AFFLICTION (PAUL SCHRADER)

    Un film bien gai (1998) !
    Non, je plaisante, là... Car comme l'on peut déjà le penser avec la sinistre couverture du DVD, ainsi qu'avec le choix des excellents acteurs (assez rarement présents dans les comédies, il faut bien le dire), il s'agit en réalité d'une immense tragédie basée sur un puissant roman de Russel Banks, et pour tout dire, d'un film bien moins connu qu'il ne le mériterait (malgré un Oscar et 2 nominations) :
    Histoire d'être franc, Paul Schrader a rarement été réputé comme réalisateur, bien qu'en tant que scénariste, il ait toujours joui de la plus grande admiration de Martin Scorsese, dont il a conçu au minimum quatre films (entre autres, le très géant À Tombeau Ouvert, que j'adore par dessus tout) !
    Quoi qu'il en soit, je trouve personnellement ce film non seulement très émouvant, mais aussi très bien construit, très bien interprété, et réalisé d'une façon plutôt originale, avec une phobie de la conception des couleurs quasiment digne de Stanley Kubrick (sinon inspirée par lui)... Autrement dit, l'on pourrait presque analyser cette œuvre comme ne se basant pratiquement que sur le bleu (la nuit, la dépression), le rouge (la colère & le sang) et le blanc (la virginité, mais peut-être aussi la mort ?), option visible dès le générique de début, ainsi que lors des tout premiers plans :
    Notamment lors de la scène initiale déjà bien hard, où le policier Wade Whitehouse (Nick Nolte, que j'aime beaucoup), déjà bien brouillé avec ses parents, loin de son frère et divorcé de sa femme, trouve en prime le moyen de louper la rarissime relation avec sa propre fille, qu'il voit de moins en moins fréquemment :
    D'un côté, il semble vouloir tout essayer :
    Mais de l'autre côté, il rate évidemment l'essentiel, même s'il culpabilise grâce à cela, quelque part :
    Dès le début du film, en fait, rien qu'à voir la tronche déjantée de Nick Nolte, complètement à côté de la plaque de son propre job en repensant aux paroles de sa fille, on se dit qu'il ne faudrait peut-être pas aller plus loin :
    Ce dont Paul Schrader n'hésite pas à nous prévenir par cet étrange plan :
    Au départ, le scénario du film se base pourtant sur un théorème plutôt simple : la très inattendue mort de l'un des amis politiques du maire Gordon Larivière (Holmes Osborne), lors d'une étrange chasse au cerf dirigée par Jack Hewitt (Jim True)... Mais en l'occurrence, rien de mieux pour lancer les fantasmes de Wade Whitehouse à 100 km/h :
    Pauvre Wade, qui passe désormais une grande partie de son temps à imaginer tout ce qui a bien pu se passer (de ce point de vue, le film fait assez penser au très fameux Memento de Christopher Nolan) :
    Et en prime revivre les images traumatisantes de sa petite enfance avec son terrifiant démon de père (James Coburn), passant l'essentiel de son temps à boire des litres d'alcool, à humilier sa femme, et à frapper ses propres enfants :
    De même qu'en musique classique, l'Allegro d'une symphonie donne très souvent suite à un Adagio plus apaisant, la mort de la mère de Wade au bout d'une petite heure de film va enfin offrir l'occasion à la famille explosée de se rencontrer de nouveau - notamment avec Rolf Whitehouse (Willem Dafoe), le frère de Wade :
    L'un des très rares plans du film en plein jour (c'est pour cette raison que je disais au tout début que le blanc pouvait peut-être évoquer la mort) :
    Ainsi que l'un des uniques plans - sinon l'unique - où l'on aperçoit du même coup les quatre célèbres acteurs du film :
    Hélas, à partir de là, de même que dans une symphonie, où l'Adagio du milieu se trouve presque toujours suivi par un très agité (et souvent violent) Finale, tout va finir par se dégrader très rapidement d'une façon, disons, plutôt lamentable :
    Dont, bien sûr, je ne peux rien dire de plus, histoire de ne pas être accusé une nouvelle fois d'écrire un spoiler :
    Sinon qu'à la fin, après que le cerveau de Wade ait tourné en vain autour de plein d'hypothèses toutes aussi barges les unes que les autres, son père va tout de même finir par mourir pour de bon, après l'avoir engueulé une ultime fois :
    Symboles désormais très puissants : 1) A la fin du film, Wade, bien que non responsable de la mort de son père, décidera tout de même de mettre finalement le feu à toute sa maison délabrée (occasion, pour le réalisateur, de faire uniquement intervenir à ce moment précis les couleurs jaunes et oranges, jamais vues précédemment) :
    2) Et hélas, impliquera aussi Wade à poursuivre visiblement sa vie telle qu'elle était déjà, autrement dit solitaire et abandonnée, le cerveau dévoré par les flammes, et le corps dévoré par l'alcool :
    En résumé, même s'il faut avoir le cœur bien accroché, j'ai toujours considéré ce film comme un chef-d’œuvre absolu, très noir, certes, mais d'un autre côté très pur, extrêmement bien construit, joué, filmé et réalisé...
    Après tout, peu importe de produire des dizaines de créations, si aucune de celles-ci ne se révèle digne de survivre au temps... Mieux vaut n'en réaliser qu'une seule, que tout le monde admirera toujours 10 ans, 20 ans, 50 ans ou 100 ans plus tard (comme, entre autres, le très rare Wolfen de Michael Wadleigh, ou le génialissime 2001, A Space Odyssey de Stanley Kubrick) !
    Voire même 300 ans plus tard, comme les trop sublimes œuvres de notre grand Johann Sebastian Bach (1685-1750), incontournables, bien sûr...

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